Toute nouvelle expérience : animer un atelier pour des adultes, patients d’un hôpital de jour. Des adultes avec un besoin de rêver encore plus prégnant. Un joli défi pour moi qui ai passé tant d’années à travailler auprès des personnes en difficultés !

Un projet aux partenaires multiples

La médiathèque de Saint Avé a eu la gentillesse de me faire confiance pour proposer un atelier dans le cadre de la semaine de la santé mentale. L’atelier d’imagination était tout indiqué pour réunir des adultes de l’hôpital de jour autour d’un projet commun qui puisse se transmettre au public et aux enfants. Un projet dans lequel ils puissent s’exprimer librement pour faire comprendre les difficultés qu’ils traversent et les solutions qu’ils mettent en place pour remonter la pente.

Mise en contact avec les services de l’EPSM (établissement public de santé mentale), nous avons pu nous rencontrer avec une grande partie des soignants. Le projet a plu d’emblée ! Nous avons convenu ensemble de l’organisation : une petite dizaine d’adultes participeraient à l’atelier, accompagnés par quelques soignants. L’atelier se déroulerait à la médiathèque. Autour du thème de la semaine de la santé mentale « prendre soin à tous les âges de la vie », les participants imagineraient et illustreraient une histoire pour enfants, pendant 3h. Ils pourraient prolonger à l’hôpital de jour. Le livre serait imprimé par les patients de l’atelier graphique de l’EPSM et il serait remis aux participants et au public lors d’une cérémonie à la médiathèque.

Le jour J, 9 patients, 2 soignants et 1 infirmière stagiaire étaient présents dans la belle salle mise à notre disposition. Et la magie a opéré ! Quel plaisir de les voir s’ouvrir un à un à leur imaginaire et aux autres !

Très rapidement, l’idée de la nécessité d’un soutien, du trotteur au déambulateur en passant par la béquille, a fait son chemin. Nous avons choisi la métaphore. Nous avons imaginé ensemble l’histoire de deux enfants qui s’appuient l’un sur l’autre pour dépasser leurs handicaps (timidité maladive et daltonisme), qui s’appuient aussi sur leurs grands-parents et qui trouvent la résilience au travers de leurs passions (dessin et sport). Point de béquille physique mais des soutiens humains emplis d’amour. Devenus adultes, les deux enfants deviennent à leur tour de tendres soutiens pour leurs grands-parents.

La timidité des couleurs

Cette belle histoire a été nommée « la timidité des couleurs ». Elle a été imaginée par les patients certes. Mais ce qui m’a touchée aussi dans ce moment magique c’est le lien qui s’est tissé entre tous. Les patients ont vite été rejoints dans leur aventure par les soignants ! C’est ensemble, avec beaucoup de respect et d’écoute, qu’ils ont créé cette histoire de solidarité (justement 😉 ). Et c’est devant eux réunis autour de ce projet, que je me suis sentie à ma place. Là où l’on rêve encore, où l’on crée, où l’on s’écoute, où l’on se respecte, où l’on retrouve notre âme d’enfant… ensemble.

Tous ont ensuite illustré leur histoire. Là, c’est plus compliqué. L’adulte a plus de difficulté avec le regard de l’autre. Il se projette à la place de celui qui va regarder son dessin. Il se juge. Il faut réussir à se lancer, à dépasser tout ça. A se rendre compte que ce qui importe n’est pas la qualité du dessin mais ce qu’il transmet d’émotion en étant associé au texte. Nul besoin de talent particulier pour cela. Il faut juste y mettre du coeur. Les participants sont passés, bien sûr, par ces phases. Ils les ont franchies avec brio ! Et ont révélé des talents qu’ils ne soupçonnaient pas ou qu’ils sous-estimaient!

La remise du livre, moment magique

« La timidité des couleurs » a donc été imprimé à l’hôpital sous forme d’un petit livret que j’ai mis en page. Le 17 octobre, tout notre petit monde créatif s’est réuni à la médiathèque en présence d’élus, de patients, soignants, médecins, médiathécaires, public, journalistes… Le livre a été remis à chacun et les sourires sont montés jusqu’aux oreilles, les yeux se sont mis à pétiller, des photos souvenirs ont été prises. Chacun a partagé sa fierté devant cette réalisation, devant LEUR livre. Ils ne s’en croyaient pas capables et pourtant… quelle réussite !

Et moi j’étais tout aussi fière. Quel bonheur d’avoir participé à ce bonheur-là !

N’hésitez pas à aller le lire à la médiathèque !